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La maison des livres
6 août 2021

Si fragiles et si forts - Elisabeth Segard

 

Si fragiles et si forts

 

  • Titre : Si fragiles et si forts
  • Auteure : Elisabeth Segard
  • Editions : Eyrolles romans
  • Date de parution : 3 juin 2021
  • Nombre de pages : 290
  • ISBN : 978-2-416-00130-7

L'auteure

Elisabeth Segard

Elisabeth Segard est journaliste pour un grand quotidien régional. Elle vit à Tours. Si fragiles et si forts est son troisième roman après Les pépètes du cacatoès paru en janvier 2019 chez City éditions et Une certaine idée du paradis paru en septembre 2020 aux éditions Calmann-Levy.

Quatrième de couverture

" Elisabeth Segard entraîne le lecteur dans une merveilleuse chasse au trésor, celui de Napoléon. Ce roman, quasi initiatique, nous fait découvrir aussi l'univers extraordinaire de l'hôtel des Invalides avec des personnages attachants, fragiles et pourtant puissants."

                                                                         Eric Giacometti

Abdel est un ancien soldat, qui vit à l'hôtel des Invalides depuis vingt ans. Entre les parties de dames et les blagues de son copain Maurizio, ses journées s'écoulent paisiblement. Gab a neuf ans. Curieux et débrouillard, il vit seul avec sa mère Pélagie. Il aime les dinosaures et le pop-corn.

Rien ne prédispose le vieux blessé de guerre et l'enfant à se rencontrer. Rien, sauf un livre, et le fantôme d'un petit tambour.           Si fragiles et si forts est une formidable histoire de solidarité et d'espoir. On y rencontre des êtres cabossés par la vie. Certains ont perdu leur bras, leurs jambes, d'autres, leur père. Autour du rêve d'un enfant, ils se trouvent une quête commune.

Mes impressions

Gabriel, neuf ans, au hasard d'une lecture et des absences de sa mère liées à son travail, se met en tête de visiter et découvrir les Invalides. Il est persuadé qu'un trésor laissé par Napoléon y est caché et il a décidé de le trouver, coûte que coûte. 

Le roman commence le 16 juin 1815 à la bataille de Fleurus avec Napoléon et ses soldats. Il y est surtout question d'un très jeune tambour, le dernier tambour. Puis on revient en 2018 à Paris, avec le petit Gab et son livre sur Napoléon. C'est décidé, il va percer ce mystère. Et trouver le trésor ! C'est alors que commence l'aventure pour nous aussi et quelle aventure ! Interludes dans l'histoire, où l'on plonge avec délice dans les pensées les plus crues et les plus simples de Napoléon, où l'on a l'impression d'assister à de grands événements par le petit trou de la lorgnette et où l'on nous donne aussi le point de vue toujours intéressant de  personnages secondaires. Découverte des pensionnaires des Invalides, personnes blessées physiquement et psychiquement, qui doivent vivre, survivre en apprivoisant ceux qu'ils sont devenus et en composant avec les autres pensionnaires.  Découverte  de leurs failles, de leur diversité, de leur quotidien et de leurs belles forces, de leur esprit d'entraide aussi.

Il y a Abdel le vieux spahi qui se lie vite d'amitié avec ce gamin pour qui il éprouve une grande tendresse, Jules le chien jaune blessé à la main lors d'une manoeuvre sur le pont du bateau, Isabelle, victime d'un attentat, Maurizio le légionnaire blessé au Liban... Une grande famille dont la maison s'appelle les Invalides. Momentanément pour certains, de façon définitive pour d'autres. Les Invalides, c'est un hôpital, un centre de rééducation mais aussi une maison de retraite. Le saviez-vous ? 

C'est dans ce cadre qu'Elisabeth Segard nous entraîne dans une passionnante chasse au trésor. On se prend rapidement au jeu, on s'attache au lieu comme aux pensionnaires. 

Ce livre est avant tout une histoire d'amour, d'humanité, de reconstruction et d'espoir. Une si belle histoire. Si fragiles et si forts, un titre tellement bien choisi ! Au-delà de ça, la lecture de ce livre a été pour moi la découverte d'un monde parallèle que l'on ne devine pas quand on visite le célèbre monument des Invalides. J'ai adoré découvrir les Invalides sous cet autre angle, un peu caché. Et pourtant c'est cette vie-là, ces personnages-là, si bien incarnés par Elisabeth Segard qui sont l'essence-même du lieu. La fonction originelle, première et universelle du lieu. Jamais changée depuis sa création par Louis XIV.

Un roman poignant, bouleversant, qu'on ne peut lâcher, auquel je pense encore des semaines après l'avoir lu. Des histoires comme je les aime, mêlant drames et humanité, bouleversements et amour, difficulté et courage, le tout d'une manière habile et délicate. L'histoire est racontée de façon simple et puissante, avec humour aussi. on a presque l'impression de l'avoir vécue, d'en avoir été témoin. J'aurais beaucoup aimé être à la place de Gabriel. 

Je ne serais pas surprise de voir un jour cet ouvrage adapté au cinéma ou à la télévision. Merci à Elisabeth, merci à l'équipe de Babelio et aux éditions Eyrolles grâce à qui cette histoire a croisé mon chemin. Désormais je ne me rends plus aux Invalides avec le même regard. 

J'ai de la chance, je n'ai pas encore lu les deux premiers romans d'Elisabeth Segard, encore de bons moments en perspective !

*****

Gros coup de coeur

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***

p.29 " Mais dans la capitale, tout ce qui ailleurs était normal tenait de l'exploit. Se loger, faire garder Gab, vivre avec un peu moins de deux mille euros par mois."

***

p.41 "Ils étaient persuadés d'être prêts à mourir, mais n'imaginaient pas devoir vivre avec la moitié du corps bousillée. Il fallait accepter de repartir à zéro.

***

p.67 "- Est-ce que tu as tué des gens ?

          Le vieux soldat marqua une seconde d'hésitation avant de répondre. Aux Invalides, personne ne posait cette question. C'était aussi stupide que de demander à un jardinier s'il travaillait dehors. Mais Gab était un enfant. [...]

         - Voilà le problème. Il y a toujours quelqu'un, quelque part dans le monde, qui essaie de s'asseoir dans le salon de son voisin. Même s'il n'y en a qu'un, il suffit à déclencher une guerre."

***

p.153 "Louis XIV avait le sens de l'auto-branding et avait su se créer un logo original ; il avait aussi imaginé, avec trois cent cinquante ans d'avance, le poste de ministre des Solidarités et le concept d'inclusion. Il avait donc établi une manufacture au sein des Invalides. Ces ateliers, sortes d'Esat avant l'heure, occupaient les anciens soldats. Le fruit de leur travail mettait également un peu de beurre dans les épinards de l'Institution : un homme de quarante ans, même avec une jambe ou un bras en moins garde un solide appétit. La manufacture des Invalides comptait une demi-douzaine d'ateliers. Ceux de cordonnerie, de confection d'uniformes et de fabrication de tapisseries avaient été installés au troisième étage."

***

p.161 "- Ici, on ne fait pas rien. On vit notre vie. Elle est juste différente de ce qu'on avait imaginé ma, c'est la vie. Beethoven n'a pas arrêté de composer quand il est devenu sourd. Te ipsum vincere. C'est la devise de régiment d'un copain qui est arrivé aux Invalides un an après moi. Il est parti, mais j'ai gardé la devise et tu devrais faire pareil. 

           - Qu'est-ce que ça veut dire ? 

           C'est toi-même qu'il faut vaincre. Après, tu as gagné. Toi, tu as une famille, tu retrouveras un métier. "

***

p.168 " - Louis XIV a avoué sur son lit de mort "avoir trop aimé la guerre, ruine des peuples " poursuivit Aurélie, mais il avait conscience de ce qu'il devait à ses soldats. Il a mis une pression de fou aux architectes. Les Invalides ont été construits en trois ans seulement, alors qu'il a fallu plus de vingt ans pour Versailles qui est deux fois plus petit. Il venait lui-même goûter la soupe et le ragoût servis aux pensionnaires."

***

p.201 " - C'est évidemment très compliqué. Les Invalides accueillent et soignent des soldats depuis trois cent cinquante ans ; nous sommes le plus ancien et le seul hôpital de ce type au monde. Même les Américains, si attachés à leurs vétérans, n'ont pas développé à l'égard de leurs soldats un accueil si complet et si personnalisé. "

***

 

 

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Commentaires
A
Un titre tentateur, j'espère qu'il croisera ma route.
Répondre
P
Je ne connais pas l'auteure et je n'ai jamais rencontré ce livre ! <br /> <br /> Un gros coup de coeur. Je le retiens alors ! <br /> <br /> Bon weekend.
Répondre
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  • Depuis plus de 10 ans, j'ai pour habitude de noter mes impressions sur chacun des livres que je lis. J'aimerais maintenant partager avec d'autres mes lectures, pouvoir en discuter, glaner des idées et pourquoi pas, donner des envies!
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