Et tu n'es pas revenu - Marceline Loridan-Ivens avec Judith Perrignon
- Titre : Et tu n'es pas revenu
- Auteur : Marceline Loridan-Ivens (et Judith Perrignon)
- Editions : Grasset
- Date de parution : 4 février 2015
- Nombre de pages : 107
- ISBN : 978-2-246-85391-6
Marceline Loridan-Ivens, née Rozenberg, est une cinéaste française née le 19 mars 1928 à Epinal.
Edit du 19 septembre 2018. Marceline Loridan-Ivens est décédée hier à l'âge de 90 ans.
Judith Perrignon, née en 1967, est une journaliste, écrivaine et essayiste française.
Quatrième de couverture
"J'ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l'ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T'écrire m'a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m'enserre le coeur.
Je voudrais fuir l'histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille."
Marceline Loridan-Ivens, née en 1928, déportée à Auschwitz-Birkenau avec son père, a été actrice, scénariste, réalisatrice. On lui doit notamment La petite prairie aux bouleaux, avec Anouk Aimée (2003), de nombreux documentaires avec Joris Ivens, et Ma vie balagan (Robert Laffont, 2008)
Judith Perrignon est journaliste et romancière.
Mes impressions
Ce récit de Marceline Loridan-Ivens, sous forme d'une lettre à son père, est absolument bouleversant.
Il lui aura fallu 70 ans avant de pouvoir s'adresser à son père, et de pouvoir raconter par écrit l'indicible, tout cela avec une très grande sobriété, c'est ce qui fait la force de ce livre.
Elle y évoque tour à tour leur vie d'avant, la famille, l'arrestation, la déportation, puis le retour, l'incompréhension de ceux qui n'ont pas vécu les camps, et la survie jusqu'à aujourd'hui, sans son père qu'elle aimait tant.
A lire pour savoir, puis pour ne pas oublier.
Suite à ma lecture, j'ai effectué quelques recherches sur cette femme extraordinaire, et je vous conseille de regarder cette émission spéciale de La Grande Librairie, dans laquelle elle parle de son livre avec François Busnel.
Et bien sûr son témoignage pour le Mémorial de la Shoah.
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p.7 "J'ai été quelqu'un de gai, tu sais, malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon, pour se venger d'être triste et rire quand même."
p.46 "Si tu avais été là [...] Je me dis même parfois que tu m'aurais réinscrite à l'école, ça m'a tellement manqué ensuite, tu m'aurais comprise mieux que quiconque et m'aurais tout pardonné. Je rêve sans doute. Mais nous aurions été deux à savoir. Nous n'en aurions peut-être pas parlé souvent, mais les relents, les images, les odeurs et la violence des émotions nous auraient traversés comme des ondes, même en silence, et nous aurions pu diviser le souvenir par deux."
p.72-73 "Pourquoi une fois revenue au monde étais-je incapable de vivre? C'était comme une lumière aveuglante après des mois dans le noir, c'était violent, les gens voulaient que tout ressemble à un début, ils voulaient m'arracher à mes souvenirs, [...] La guerre terminée nous rongeait tous de l'intérieur. J'aurais aimé te donner de bonnes nouvelles, te dire qu'après avoir basculé dans l'horreur, attendu vainement ton retour, nous nous sommes rétablis. Mais je ne peux pas. Sache que notre famille n'y a pas survécu. Elle s'est disloquée. Tu avais fait des rêves trop grands pour nous tous, nous n'avons pas été à la hauteur."
Lectures associées
Une vie (Simone Veil, le Livre de Poche, juin 2015)
Simone éternelle rebelle (Sarah Briand, Fayard, octobre 2015)
Une famille française dans l'histoire (Philippe Dana et Ginette Kolinka, Kero, septembre 2016)