La symphonie du hasard - Livre 1 - Douglas Kennedy
- Titre : La symphonie du hasard - Livre 1
- Auteur : Douglas Kennedy
- Traduction : Chloé Royer
- Editions : Belfond
- Date de parution : 09 novembre 2017
- Nombre de pages : 384
- ISBN : 978-2-7144-7403-2
Douglas Kennedy est né à New York en 1955. Il a grandi là-bas, puis est parti en Europe (Dublin, puis Londres). En 1994, sort son premier roman, Cul-de-sac (Gallimard – Série Noire, 1998), réédité dans une nouvelle traduction sous le titre Piège nuptial (Belfond, 2008 ; Pocket, 2009). Son deuxième roman, L'homme qui voulait vivre sa vie (Belfond, 1998, 2005 et 2010 ; Pocket, 1999) connaît un succès international.
Divorcé et père de deux adolescents, Max et Amelia, Douglas Kennedy vit entre Londres, Paris, Berlin et les États-Unis.
(Clic sur la photo pour accéder au site de Douglas Kennedy)
Quatrième de couverture
Toutes les familles sont des sociétés secrètes.
Des royaumes d'intrigues et de guerres intestines, gouvernés par leurs propres lois, leurs propres normes, leurs limites et leurs frontières, à l'extérieur desquelles toutes ces règles paraissent souvent insensées.
Comme chaque semaine, Alice Burns, éditrice new-yorkaise, s'apprête à rendre visite à son jeune frère Adam. Jadis jeune loup de Wall Street en pleine ascension, ce dernier croupit désormais en prison.
Mais cette rencontre hebdomadaire va prendre un tour inattendu. Décidé à soulager sa conscience, Adam révèle un secret qui pourrait bien venir rompre les derniers liens qui unissent encore leur famille.
Et Alice de replonger dans l'histoire des siens, celle d'un clan à l'image de l'Amérique : volontaire, ambitieux, assoiffé de réussite, souvent attaqué, blessé parfois, en butte à ses propres démons, mais inlassablement en quête de rachat...
Premier volume d'une fresque à l'ampleur inédite, La symphonie du hasard marque le grand retour de Douglas Kennedy. Dans le bouillonnement social, culturel et politique des sixties-seventies, de New-York à Dublin en passant par l'Amérique latine, un roman-fleuve, porté par un souffle puissant.
Mes impressions
Contrairement à ce que l'on pourrait croire au début du roman, ce n'est pas à New-York que l'on suit Alice Burns, ce n'est pas non plus sa vie d'éditrice que l'on découvre, mais sa jeunesse, de ses années de collège à ses années d'université. Lors de cette visite à son frère en prison, la révélation de ce secret nous entraîne avec Alice dans un flash-back qui occupera la totalité du roman.
J'ai aimé découvrir cette Amérique des années 1960-1970, suivre cette famille somme toute un peu spéciale, aux relations très particulières. J'ai aimé être transportée au sein du campus universitaire de Bowdoin dans le Maine, même si par moments les nombreuses références culturelles m'ont un peu perdue (quelques notes en bas de page de temps à autre m'auraient facilité la tâche). Pendant qu'Alice étudie à Bowdoin, vit son premier amour avec Bob, un "footballeur intellectuel", son père "gère" sa mine de cuivre au Chili, dans le désert d'Atacama, en plein coup d'état.
C'est donc l'évolution de la vie d'Alice que l'on est invités à découvrir, la construction de sa personnalité, de son esprit et de ses valeurs au sein de la société qui la voit grandir, une société dans laquelle le racisme tient encore une grande place et les minorités sont ouvertement montrées du doigt. Alice est une jeune fille qui accorde une grande importance à l'honnêteté intellectuelle, à la vérité, à la loyauté. Plusieurs fois confrontée au mensonge, à l'injustice, elle ne le supporte pas. Et ces valeurs, qu'elle défend bec et ongle, souvent bafouées, la poussent à prendre de la distance et à mettre un océan entre elle et sa famille. A la fin du roman, elle décide de partir étudier à Dublin.
Douglas Kennedy se met avec une facilité déconcertante dans la peau de ce personnage féminin. Peut-être parce qu'on y retrouve beaucoup d'éléments autobiographiques? (cf "Toutes ces grandes questions sans réponse" (Bowdoin, Dublin, attachement à New-York, une mère juive, un père catholique d'origine irlandaise, des parents qui ne s'entendent pas...))
Cette première partie est la mise en place de l'histoire, elle est parsemée de multiples indices (coups de fil anonymes reçus régulièrement à la maison avant le départ du père au Chili, drames non élucidés au lycée, puis à l'université, Adam qui se retrouve en prison pour une raison qui nous reste inconnue pendant toute cette première partie...)
Le décor est posé, et ce que l'on peut parfois prendre pour quelques "longueurs" dans cette première partie est en fait une mise en bouche, une imprégnation, qui sert les Livres 2 et 3, c'est en tous cas ma conviction!
J'ai hâte de le savoir, hâte de voir ce qu'il va arriver aux membres de cette famille, à Alice plus particulièrement, et je suis ravie de savoir que la suite arrive très bientôt! (Livre 2 le 15 mars 2018 et Livre 3 le 03 mai 2018)
Un grand merci aux Editions Belfond, qui m'ont permis de découvrir le début de cette saga familiale.
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Et j'ajoute que, cerise sur le gâteau, dans ce roman, Douglas Kennedy fait référence à un groupe folk-rock anglais, les Fairport Convention, que j'ai eu le plaisir de rencontrer (Dave pegg et Chris Leslie) il y a vingt ans. Nous étions invités au mariage d'une amie commune à Quiberon, et le lendemain, ils avaient enchanté notre journée, notamment Chris Leslie avec son violon.
p. 118 "C'est là-bas que cette université est née. Massachusetts Hall. Hawthorne et Longfellow ont tous les deux suivi des cours là-dedans, à l'époque où le Maine était une zone reculée au milieu de nulle part. Tu savais que Henry James, qui était ami avec Hawthorne, lui reprochait d'avoir choisi Bowdoin plutôt que Harvard?"
p.149 "Les professeurs exceptionnels, je l'ai appris ce jour-là, peuvent modifier notre vision du monde. On se moque souvent des profs - "Ceux qui savent faire font, ceux qui ne savent pas faire enseignent " -, mais le fait est que, en présence d'un enseignant vraiment remarquable, quelque chose se fait jour en nous. "
p.164 "Evan nous a fait écouter un groupe de folk-rock anglais, Fairport Convention - je n'en avais jamais entendu parler, mais ça m'a tout de suite plu -, et la discussion s'est orientée sur un meeting anti-Nixon et anti-guerre qui devait avoir lieu trois jours plus tard et auquel tout le monde se rendait."
p.233 "Ce que j'apprends dans mes cours, c'est comment réfléchir, interpréter le monde et comprendre que, dans la plupart des situations, il n'existe ni bien ni mal. Moralement, il n'y a que des zones grises."
p.234 "- En gros, tu es en train de défendre la lâcheté?
- Bien sûr que non. Il fallait combattre les nazis, et, si j'avais vécu en France à ce moment-là, j'espère que j'aurais rejoint la Résistance. Mais mon prof d'histoire m'a dit quelque chose de profond l'autre jour : "On peut condamner les oppresseurs, mais personne ne devrait juger les oppressés. Bien peu d'entre nous sont capables d'héroïsme."
p.291 "C'était la première fois que nous quittions le territoire des Etats-Unis, et nous sommes immédiatement tombés amoureux de Québec, ses rues pavées, son architecture du XVIIe siècle, et de cette impression d'avoir atteint l'Europe quelques heures à peine après avoir passé la frontière - impression renforcée par le fait que tout le monde parlait français et ne daignait nous répondre en anglais qu'à contrecoeur."
p.305 "Je le comprendrais bien plus tard, en constatant moi-même à quelle vitesse le temps qui nous est alloué nous file entre les doigts, et combien peu de chose, dans ce désordre qu'on appelle la vie, subsiste après notre disparition."
p.315 "Nous sommes tous composés d'élans contradictoires ; suivre l'un, c'est forcément renoncer aux autres."