"Tu seras un raté, mon fils!" Churchill et son père - Frédéric Ferney
- Titre : "Tu seras un raté, mon fils!" Churchill et son père
- Auteur : Frédéric Verney
- Editions : Albin Michel
- Collection : "La face cachée de l'Histoire"
- Date de parution : 2 janvier 2015
- Nombre de pages : 253
- ISBN : 978-2-226-31259-4
Frédéric Ferney, né en 1951 à Paris, agrégé d'anglais, est un écrivain, essayiste et journaliste littéraire. Il a publié de nombreux ouvrages. A la radio, il est depuis 1979 critique à France Culture.
Quatrième de couverture
Des grands personnages qui ont façonné le XXè siècle, , Churchill apparaît comme le plus sûr de son destin et de son génie. Pas une once de doute chez ce fils de famille, célèbre à vingt-cinq ans, tour à tour officier, aventurier, journaliste, ministre, écrivain, peintre...Jusqu'à l'apothéose de la seconde guerre mondiale, qui en fera de son vivant plus qu'un homme d'Etat : un mythe.
Pourtant, ce touche-à-tout égocentrique et généreux, cynique et rêveur, fantasque et indomptable, cachait un secret, une blessure intime que nous dévoile, d'une plume éblouissante, le journaliste et écrivain Frédéric Ferney : le mépris absolu dans lequel le tenait son père.
Ce père trop tôt disparu, Winston cherchera toute sa vie à l'épater et à lui donner tort. En faisant revivre les grands moments d'une existence menée au galop, cette traversée d'une vie extraordinaire explore l'insondable lien entre un père et son fils.
Mes impressions
Dans cet ouvrage, que je qualifierais de biographie, bien que l'auteur s'en défende, il nous est livré un portrait peu commun de Winston Churchill. Frédéric Ferney essaie par moments de "se mettre dans la peau" de Churchill, de lire dans ses pensées, c'est pour cela qu'il ne s'agit pas véritablement d'une biograhie et l'exercice est intéressant, même si j'ai parfois eu du mal à lire certains passages jusqu'au bout (mais je l'ai fait!).
Biographie tout de même car on y apprend beaucoup de choses sur le personnage, depuis sa plus tendre enfance jusqu'à sa mort. On y apprend surtout qu'il était dépressif, ce qu'il appelait son "chien noir" (black Dog) revenait régulièrement le hanter, surtout lorsqu'il était inactif. Et ce Black Dog, c'était son père, ce père qui ne l'avait jamais estimé, ce père qu'il souhaitait plus que tout impressionner, mais qui mourra trop tôt...
Winston Churchill est né le 30 novembre 1874 dans la propriété de Blenheim, Oxfordshire, et y a passé ses premières années, choyé par sa nounou, Mrs Everest, affectueusement surnommée "Woom".
Peu avant ses huit ans, il est envoyé en pension à St George's school, près d'Ascot. Il y part seul, en train. Cette école est alors réputée pour être l'antichambre de la prestigieuse Eton. Quand il écrit à son père, ce dernier lui renvoie les lettres dans lesquelles il a souligné en rouge les fautes d'orthographe, exigeant qu'il les corrige.
De son père, il dira p.53 : "J'ai grandi dans la poche de son gilet, oublié comme un penny."
Malheureux, maltraité (sa nounou découvrira des traces de fouet sur son dos en le lavant à son retour), Winston fugue et rentre à la maison. Il sera retiré de cette école. Arrive alors une première vague de dépression.
Il sera ensuite confié au pensionnat d'un petit établissement à Hove, près de Brighton. A la rentrée de 1893, il est admis à Harrow après avoir échoué deux fois à l'examen d'entrée. Il s'y révèle toujours dissipé et indiscipliné, mais voue une passion à l'histoire. Il apprend par coeur des tirades de Shakespeare, ainsi que des pages entières de "l'Histoire d'Angleterre" de Thomas Macaulay.
A bientôt 22 ans, il est admis à l'Académie militaire de Sandhurst, après deux échecs au concours d'entrée.
Le 18 septembre 1889, il embarque à Southampton à bord du SS Britannia avec tout son régiment. Vingt-trois jours de voyage sont nécessaires pour atteindre les Indes, où il se démet l'épaule en glissant sur le quai à l'arrivée. Cette luxation se rappellera à lui pendant tout le reste de sa vie.
Il écrit alors à sa mère : p.82 "Conscient de s'aventurer dans l'inconnu, il écrit à sa chère maman sa lettre la plus grave : "J'ai tout bien pesé ; le fait de servir dans l'armée britannique me donnera plus de poids en politique ; je serai mieux écouté et peut-être même deviendrai-je quelqu'un de populaire dans le pays...je vous parle librement car, quand cette lettre vous parviendra, ce qui doit s'accomplir sera accompli. J'ai confiance dans mon étoile - je veux dire que je suis destiné à faire quelque chose dans ce monde. Si je me suis trompé, quelle importance? Ma vie aura été agréable ; si je devais la quitter, ce serait avec regret - mais un regret que je ne connaîtrais jamais."
Dès lors, il n'aura de cesse de se battre, de risquer sa vie, pour que son père, enfin, le remarque, l'admire.
En 1896, il se bat à Bangalore auprès du Général Bindon Blood. A l'été 1898, c'est en Egypte qu'il se bat, auprès du Général Kitchener. A l'automne 1899, il est en Afrique du Sud, pour la seconde guerre des Boers. Toujours en première ligne.
Le 18 février 1901, il prononce son premier discours devant le Parlement, en présence de sa mère (son père est décédé six ans avant)
Il est élu député conservateur dès 1900. En 1904 il quitte les Tories pour rejoindre le Parti Libéral, étiquette sous laquelle il devient parlementaire en 1906. En 1925, il rejoint de nouveau le Parti Conservateur, qu'il ne quittera plus.
p.164 : Tout le monde peut retourner sa veste, mais il faut une certaine adresse pour la remettre à l'endroit." Winston Churchill.
Le 12 septembre 1908, il épouse Clémentine Hozier à l'église St Margaret, à Westminster. Ils auront cinq enfants.
Ensemble ils vivront à Chartwell House, dans le Kent, de 1922 à 1965. Dans cette propriété, Churchill élèvera des chevaux, il y pratiquera la peinture, la maçonnerie, le jardinage...
En 1910 Winston Churchill est Ministre de l'intérieur (Home Secretary)
Je vous invite à continuer ce voyage dans le temps en lisant l'ouvrage de Frédéric Ferney, les années qui suivent sont peut-être celles que l'on connaît le mieux, Churchill Premier Ministre, la deuxième guerre mondiale...
Un ouvrage intéressant, qui laisse entrevoir l'homme sous la carapace, mais aussi le visionnaire, qui me donne envie d'en découvrir plus!
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Nota : Winston Churchill s'éteint le 24 janvier 1965, soit 70 ans jour pour jour après son père.
p.77 "On dirait que certains hommes n'ont jamais été jeunes et l'on craint toujours qu'ils se vengent un jour de cet oubli. Winston, c'est le contraire. A-t-il jamais cessé de l'être?"
p.182 "Dès son arrivée à l'Amirauté, il crée un département de l'Air qui aboutira à la création de l'aéronavale en 1912. Les avions, à l'époque, sont utilisés exclusivement dans des missions de reconnaissance ; il suggère de les équiper de mitrailleuses. On sourit, on tente de dissuader l'extravagant. Il s'entête. Et une fois de plus, il voit juste, avant tout le monde."
p.235 "Sa vie n'est plus qu'une brioche dure dont il éparpille les miettes. Vieillir est un long dimanche - il exècre les dimanches."
p.245 "Il ne s'est jamais leurré sur la politique, ni sur ses propres convictions : "Un bon politicien doit pouvoir prédire ce qui arrivera demain, la semaine prochaine, le mois prochain et l'année suivante ; après quoi, il doit encore être capable d'expliquer pourquoi rien de tout cela ne s'est produit", mais il a adoré ça, cette duperie, ce bonneteau, cette secousse de l'âme. Il doit reconnaître qu'il a mieux su faire avec les nazis qu'avec ses enfants! Pourtant, il les a adorés, ces petits monstres, toujours prêt à construire un bonhomme de neige ou une cabane dans le jardin, à se déguiser en gorille à l'occasion d'une birthday party, enfin, quand il était à la maison. Pas souvent, c'est vrai, my darlings!"
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Documentation complémentaire
Les images de cet article sont tirées du magazine "Secrets d'Histoire" n°10, dont voici la couverture :
Un beau reportage sur Churchill dans ce numéro, avec de jolies photos. Pour plus d'éléments, n'hésitez pas à regarder cette émission télévisée "Secrets d'Histoire", intitulée "Churchill, le lion au coeur tendre".
Et je ne résiste pas à l'envie de partager quelques citations de Churchill, qui avait le sens de la répartie!
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Une certaine Lady Astor l'interpelle un jour en lui disant : "Mr Churchill, vous êtes ivre!" Réponse de Churchill : "Et vous, madame, vous êtes laide. Mais moi, demain matin, je serai dégrisé."
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Un auteur dramatique lui adresse un jour deux places pour la première de sa pièce, accompagnées de ce mot : "Venez avec un ami...si vous en avez un!" En retour, Churchill lui adresse ce télégramme : "Présence impossible à la première. Viendrai à la deuxième...s'il y en a une."
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"Il ne faut jamais oublier, quand un malheur vous frappe, qu'il peut très bien vous épargner un ennui pire encore."
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"Pour s'améliorer, il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent."
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"Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté."