Péril en mer d'Iroise
- Titre : Péril en mer d'Iroise (Titre original : "Bretonische Flut" paru en mars 2018 aux Editions Kiepenheuer & Witsch GmbH)
- Auteur : Jean-Luc Bannalec ( Jörg Bong )
- Traduction : Nadine Fontaine
- Editions : Presses de la Cité
- Date de parution : 22 mars 2018
- Nombre de pages : 528
- ISBN : 978-2-258-14681-5
Né en 1966 à Bonn-Bad Godesberg, Jean-Luc Bannalec (de son vrai nom Jörg Bong) est un éditeur, traducteur, critique littéraire et écrivain allemand. Amoureux de la Bretagne, il vit trois mois par an dans le Finistère sud. Il est depuis 2012 l'auteur d'une série de romans policiers, mettant en scène les enquêtes du commissaire Dupin en Bretagne. Ces romans remportent un grand succès en Allemagne, et ont été adaptés à la télévision pour la chaîne ARD. (Série diffusée sur France 3 depuis juin 2018)
Quatrième de couverture
Trois cadavres en trois lieux de crime, et le commissaire Dupin est sur le pont ! Le premier corps est retrouvé au petit matin dans un local de la criée de Douarnenez ; la victime est une pêcheuse professionnelle. Sur l'île de Sein, une jeune chercheuse spécialiste des dauphins gît dans le cimetière dit " des cholériques ". Le troisième cadavre, enfin, sur la presqu'île de Crozon, est celui d'un professeur de biologie à la retraite, passionné d'histoire. Ces trois meurtres sont liés, cela ne fait aucun doute... Mais qui pourrait être le coupable parmi les travailleurs de la mer ?
Périls et mystères en mer d'Iroise sont au cœur de cette cinquième enquête de Dupin, forte en iode !
Mes impressions
J'ai découvert Jean-Luc Bannalec il y a deux ans, et l'un de mes premiers livres ici en allemand était "Bretonische Verhältnisse - Ein Fall für Kommissar Dupin" (Un été à Pont-Aven)
J'avais alors trouvé intéressant et amusant qu'un allemand se passionne pour la Bretagne au point d'en faire le principal lieu de ses romans, au point également de prendre un pseudonyme à consonance bretonne. Bannalec est le nom d'un village situé au nord de Concarneau.
Par la suite, j'ai regardé un épisode de l'adaptation télévisée en allemand. J'étais assez perturbée (plutôt amusée) d'entendre des personnages supposés être français parler allemand, avec de temps en temps de petits passages en français comme "Monsieur le commissaire" ou bien "un croissant s'il vous plaît" ... Les acteurs de la série sont allemands, les équipes de tournage également, et le commissaire Dupin est un véritable ambassadeur de la Bretagne en Allemagne. A Concarneau, le restaurant "L'Amiral", véritable QG du commissaire, existe vraiment et fait l'objet de nombreuses visites de touristes allemands chaque année !
Il existe même un site organisant des voyages sur les traces du commissaire Dupin, proposant diverses activités et des cartes des lieux préférés du commissaire ainsi que des lieux des crimes de chacun des romans déjà parus !
J'ai donc été ravie de pouvoir lire le cinquième opus du commissaire Dupin en français, grâce aux Editions Presses de la Cité que je remercie !
Le commissaire Georges Dupin, d'origine parisienne, mène désormais ses enquêtes au "bout du monde", dans le Finistère. Il a ses habitudes à l'Amiral, à Concarneau, où il aime commencer la journée en buvant un café et en lisant le journal.
Dans "Péril en mer d'Iroise", nous le suivons dans la région de Douarnenez, l'île de Sein, Brest, Le conquet...
En lisant ce livre, j'ai justement eu l'impression de regarder une série policière. Le personnage du commissaire est attachant, loup solitaire mais pas trop quand même, puisque sa compagne Claire a fini par le rejoindre en Bretagne. Mais la jeune-femme étant elle-même très prise par son travail de médecin, ils ne se voient que trop rarement. Une maman très envahissante (du moins au téléphone), des collaborateurs aux personnalités marquées, avec entre autres Le Ber, officier de police amoureux de sa Bretagne et au fait de toutes les histoires et légendes, et puis Nolwenn, la fidèle et efficace Nolwenn, qui pense toujours à tout avant même que le commissaire ne le lui demande.
L'enquête sur les trois meurtres se déroule sur deux jours, le livre est constitué de deux parties qui s'intitulent "Le premier jour" et "Le deuxième jour".
Ce que j'ai préféré dans cette lecture, outre le suspense - et il y en a - ce sont les descriptions de la Bretagne, tant de ses paysages que de sa culture. Le tout est même agrémenté de quelques recettes. J'y ai retrouvé pour mon plus grand plaisir des lieux que j'ai bien connus (Douarnenez, Brest, la Pointe Saint Mathieu, Plougonvelin, Le Conquet...) tout cela sur fond de légendes bretonnes fort agréables à découvrir ou redécouvrir, comme par exemple celle de la ville d'Ys. L'histoire se mêle à l'Histoire, ce qui rend l'énigme encore plus crédible.
Un petit bémol tout de même, je suis restée sur ma faim, un peu frustrée par le dénouement, qui ne répond pas à toutes les questions... une suite à venir, peut-être ? Si c'est le cas, vivement le prochain ! Je conseille cette lecture à tous les adeptes de romans policiers et à tous les amoureux de la Bretagne !
J'ai un véritable coup de coeur pour cet auteur allemand qui s'est épris d'une de nos belles régions et s'en sert d'écrin pour ses histoires.
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p. 27 " A chacune de ses enquêtes, le commissaire, qui avait tendance à tout transformer en rituels, installait son quartier général dans un café, parfois même en pleine nature. Il y menait ses entretiens et, s'il le fallait, également les interrogatoires officiels. C'était connu, Dupin exécrait les bureaux et le sien en particulier, il s'en échappait aussi souvent que possible. Il résolvait ses affaires sur le lieu du drame, même si le préfet le pressait de changer d'habitude. Dupin avait besoin d'être dehors, à l'air frais, de se mêler à la population, de voir les choses de ses propres yeux, de parler personnellement aux gens, de les regarder évoluer dans leur monde."
p.44 "- Savez-vous, commença le lieutenant avec la formule rituelle qui inaugurait chacun de ses discours, que c'est là, au fond de la baie de Douarnenez, que gît Ys. La mythique Ys, cette ville magnifique et d'une richesse incommensurable, avec ses murs d'enceinte rouges et ses toits en or. La ville qui, un jour, a sombré dans la mer. Où régnait le célèbre roi Gradlon dont l'épouse a donné naissance à une fille splendide, prénommée Dahut. Nous en avons d'innombrables récits. Cette histoire purement bretonne, dit Le Ber en mettant l'emphase sur "purement", est certainement la légende maritime la plus célèbre du folklore français."
p.47 " Le Ber coula un regard vers Dupin et poursuivit avec précipitation :
- Au milieu du XIVè siècle, un pâtissier de Douarnenez devait réaliser un gâteau pour une grande fête. Mais, durant la nuit, on lui a volé la plupart de ses ingrédients. Il ne lui restait plus que du beurre, de la farine et du sucre. Et c'est ainsi qu'il a inventé le kouing amann."
p.209 " Les gens d'ici se rappellent tout. Le passé est encore présent. Dupin connaissait ce sentiment. C'était un trait caractéristique de toute la Bretagne et de ses habitants. C'était ainsi. Il fallait le savoir."
p. 245 " - Ces derniers temps, il était souvent en goguette. A Brest et à Rennes. Dans les bibliothèques. Il avait une prédilection pour les livres anciens, les vieilles cartes, les vieux documents. Ce genre de choses. Sa maison en est remplie."
p. 277 " Leur balade avait commencé à Saint Mathieu sous un soleil radieux - un lieu magique aux nombreuses légendes, de hauts rochers battus par les vents et les flots où s'élevaient un très beau phare et les vestiges d'une abbaye du VIè siècle. Puis ils avaient pris un déjeuner copieux au Conquet, d'où ils étaient partis pour la pointe de Corsen et Porspoder, une très jolie bourgade. Ils avaient terminé sur les plages de Lampaul-Ploudalmézeau, dont la beauté semblait quasi surnaturelle."
p. 373 " - Hier, lors de la traversée, nous avons vu les premières formations acérées de granit, si vous vous en souvenez. (Dupin se le rappelait hélas fort bien.) De la pointe du Raz, elles s'avancent dans la mer sur vingt-cinq mètres. Sein se trouve à mi-chemin. Tout au bout de la chaussée se dresse Ar Men, le phare le plus éloigné de tous les phares de Bretagne. Il a été construit sur un rocher nu et isolé au milieu de l'Atlantique. C'est dans ce phare que Jean-Pierre Abraham a vécu plusieurs années.
L'écrivain préféré de Nolwenn, dont le livre de chevet était son roman Armen, un chef-d'oeuvre."
p. 415 " - La spécialité du restaurant est célèbre dans la france entière, le ragoût de homard, claironna-t-il. Vous allez être ravi, patron. Le ragoût se prépare dans un gros faitout. Coupez le homard partiellement décortiqué en petits morceaux. Ajoutez des oignons rosés de Roscoff, du céleri, des graines de fenouil, des moules fumées, faites revenir le tout dans de l'huile de noix chaude, puis mouillez avec de l'eau-de-vie de cidre et trois ou quatre verres de vin blanc. (Cette recette était en effet un vrai poème.) Accompagnez-le de pommes de terre Amandine, qui sont uniques, d'une cuillérée de crème fraîche, de piment d'Espelette ; ajoutez du gros sel et, en guise de bouquet final, un bon morceau de beurre salé. Puis faites mijoter à feu doux."
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Voici la couverture de "Péril en mer d'Iroise" qui s'intitule "Bretonische Flut" en allemand.
Dans chacune des éditions allemandes figure une carte de la Bretagne, bien utile lors de la lecture !