L'enfant de Schindler - Leon Leyson
- Titre : L'enfant de Schindler (titre original, A Child on Schindler's List)
- Auteur : Leon Leyson
- Traductrice : Juliette Lê
- Editions : Pocket jeunesse
- Date de parution : 4 février 2016
- Nombre de pages : 208
- ISBN : 978-2-266-26506-5
L'auteur
Leon Leyson, né Leib Lejzon, le 15 septembre 1929 à Narewka en Pologne, était le plus jeune inscrit sur la liste établie par Oskar Schindler visant à sauver "ses Juifs" des camps polonais pendant la seconde guerre mondiale. Persuadé que son histoire n'intéresserait personne, il est resté silencieux jusqu'à la sortie du film de Steven Spielberg, La liste de Schindler. Il est décédé le lendemain de la remise de son manuscrit à son éditeur, en janvier 2013.
Quatrième de couverture
"C'est une chance pour nous d'avoir ce livre. Je serai éternellement reconnaissant à Leon Leyson qui a livré son témoignage aux générations futures. Grâce à lui le monde ne sera plus le même. (...)"
Steven Spielberg,
réalisateur de La Liste de Schindler.
Alors que tout semble perdu pour Leon Leyson, déporté à l'âge de douze ans dans un camp de concentration, un homme - un nazi - lui redonne espoir. En l'employant comme un ouvrier dans son usine, Oskar Schindler fait du petit Leon le plus jeune inscrit sur sa liste. Une liste qui sera synonyme de vie pour lui mais aussi pour des centaines d'autres juifs pris dans les filets nazis.
Mes impressions
Leib Lejzon, né à Narewka, petit village du nord-est de la Pologne, est un petit garçon enjoué, malicieux. Il vit dans ce village les neuf premières années de sa vie, entouré de sa famille, ses parents Channah et Moshé, ses quatre frères et soeur, Hershel, Tsalig, Pesza et David, leurs grands-parents, paternels et maternels, ainsi que toute la famille élargie. Quand il a neuf ans, la famille de Leib déménage et part s'installer dans la jolie ville de Cracovie. Leib le vit comme une chance, la vie moderne et un bel avenir s'offrent à eux. Le papa, Moshé, a trouvé du travail dans l'usine d'Oskar Schindler, un nazi qui préfère pour des questions de coût de main d'oeuvre dans un premier temps, employer des ouvriers juifs. Mais ou bout d'un an la guerre éclate, les Juifs de Cracovie sont contraints de déménager et sont tous regroupés dans un ghetto. Schindler veut garder ses ouvriers, il leur est possible de sortir du ghetto dans la journée pour aller travailler.
Leon Leison, c'est cet homme âgé, qui bien des années après, devenu américain, commence à raconter son histoire et s'étonne toujours qu'elle puisse intéresser les autres. Après avoir traversé les horreurs de l'Holocauste et y avoir survécu, grâce à Oskar Schindler qui peu à peu laissera s'exprimer son penchant humaniste et décidera de sauver ses ouvriers juifs, mais aussi grâce à sa vivacité d'esprit, peut-être aussi à la chance, un peu... Leon Leison, qui a perdu deux de ses frères et toute sa famille élargie, est arrivé aux Etats-Unis en mai 1949, avec ses parents, après trois années passées dans des camps de réfugiés à attendre de pouvoir rejoindre une tante, installée là-bas avant la guerre.
Ce livre, c'est le témoignage poignant de Leib/Leon, le récit de ces années de guerre, de persécution, de terreur. La vie dans le ghetto, les rafles, le manque de nourriture, les arrestations intempestives, le camp de concentration, la peur de mourir, de perdre les siens, et puis l'espoir, quand Oskar Schindler décide, cette fois pour les sauver, de ne pas se séparer de "ses Juifs", coûte que coûte. Il en sauvera 1200.
Une histoire forcément poignante, un homme attachant (je vous invite à regarder les vidéos dans lesquelles il s'exprime sur internet) et un témoignage indispensable à connaître et à faire connaître, encore et toujours.
A la fin du livre se trouvent des photos, une carte, ainsi que la postface avec les témoignages de Lis, la femme de Leon Leyson, ainsi que Stacy et Daniel, ses enfants. Leon et Lis Leyson ont eu 6 petits-enfants.
Oskar Schindler a été proclamé Juste parmi les nations en 1967. Il est décédé en 1974 en Allemagne après avoir vécu un temps en Amérique du Sud, il est enterré à Jérusalem.
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Entrée du camp de concentration de Buchenwald que nous avons pu voir lors d'un récent séjour à Weimar. Leon Leyson n'était pas dans ce camp, mais dans les camps de Plaszow en Pologne et de Gross-Rosen en Tchécoslovaquie.
A lire également, La liste de Schindler de Thomas Keneally (1982)
p.37 "La situation ne tarda pas à s'aggraver : en Allemagne et en Autriche, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, des synagogues furent brûlées ainsi que des rouleaux de la Torah, et des propriétés de Juifs détruites. Des hommes furent passés à tabac et près d'une centaine assassinés. Il me semblait incroyable que, devant de telles horreurs, les gens ne réagissent pas."
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p.48 "Pour la première fois depuis des mois, je trouvais papa un peu plus optimiste. Il affirmait que la guerre ne durerait pas et que, puisqu'il avait un travail, nous ne risquions rien. "L'année prochaine, peut-être même d'ici la fin de l'année, ce sera terminé, disait-il. Comme à la fin de la Grande Guerre, les Allemands rentreront chez eux."
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p.63 "En mai 1940, les nazis décidèrent de "nettoyer" Cracovie - la capitale des territoires sous contrôle allemand -, de sa population juive. Seuls 15000 Juifs seraient autorisés à rester dans la ville. Au cours de l'été, des dizaines de milliers de Juifs terrorisés durent rejoindre les villes et les villages qu'ils avaient récemment fuis."
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p.66 "Dédut mars 1941, nous avons empilé nos possessions dans un chariot emprunté pour l'occasion, avant de dire au revoir à notre appartement, le dernier lieu nous rattachant encore à la promesse d'une belle vie dans la grande ville.
En traversant la ville deux ans et demi plus tôt, nous avions été euphoriques à l'idée qu'une belle aventure débutait ; cette fois, seule la peur nous habitait. A l'approche de la porte du ghetto, je fus saisi de panique. En levant les yeux vers le sommet des grands murs, je vis que, avec un sens inné du sadisme, les nazis y avaient placé des pierres arrondies qui ressemblaient à celles marquant les tombes. Le message implicite était que nous emménagions dans ce qui allait devenir notre propre cimetière."
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p.104 "De l'autre côté des barbelés qui entouraient le camp, j'apercevais les enfants des officiers allemands qui défilaient, affublés de leurs uniformes des Jeunesses hitlériennes, en chantant des hymnes à la gloire du Führer, Adolf Hitler. Ils étaient si joyeux et pleins de vie, alors que moi, à quelques mètres d'eux, j'étais épuisé, déprimé, et je luttais pour survivre jusqu'au lendemain. Seule l'épaisseur du fil barbelé séparait mon enfer de leur liberté. Mais nous aurions tout aussi bien pu nous trouver sur des planètes différentes. Je n'arrivais pas à comprendre l'injustice de ma situation."