L'autrice
Katharina Fuchs est née en 1963 à Wiesbaden. Après des études de droit à Francfort et Paris,elle a successivement été avocate et juriste d’entreprise. Elle vit aujourd’hui près de Francfort.(@JC Lattès)
Quatrième de couverture
Allemagne, 1953 : Therese, fille d’un officier de la Wehrmacht et d’une propriétaire terrienne, n’est pas autorisée à étudier en RDA. À Berlin-Ouest, elle est l’une des seules femmes à faire des études de droit et se retrouve livrée aux railleries de ses camarades et de ses professeurs. Pourtant, elle ne perd pas de vue son objectif : devenir une des toutes premières femmes juges en Allemagne.
Sa belle-soeur Gisela, quant à elle, nourrit ses propres rêves à Berlin-Ouest, désormais « Ville de la mode », et souhaite se lancer dans une carrière de styliste.
Elle va se heurter à la volonté de son mari qui n’envisage rien d’autre pour elle qu’une vie de femme au foyer…
Dans cette flamboyante fresque de l’après-guerre inspirée de l’histoire de sa propre famille, Katharina Fuchs raconte avec maestria et délicatesse le destin de deux femmes fortes et courageuses.
Traduit de l’Allemand par Céline Maurice
Mes impressions
Quel bonheur de retrouver les héroïnes du tome précédent, Anna et Charlotte, Gisela et Theresa que nous avions quittées dans un Berlin dévasté juste après la seconde guerre mondiale dans L’ambition du Bonheur.
Elles et leurs familles sont les témoins de la reconstruction de la ville, du pays, mais aussi de sa division, de plus en plus palpable. Les grands propriétaires de l’Est ont été dépossédés de leurs biens et ont dû fuir à l’Ouest pour la plupart. C’est le cas du père de Charlotte, Richard Feltin. Au sein même des familles les voix sont parfois désunies, les avis bien différents. Cette tension, présente tout au long du roman, est à l’image de celle qui règne dans l‘Allemagne d’après guerre qui se divise.
Charlotte et Anna sont toujours amies après toutes ces années et quelques rudes épreuves pour elles deux. L’union de leurs enfants Gisela et Felix scelle définitivement et de jolie manière leur amitié.
Dans ce volume on assiste avec bonheur à la modernisation de la société des années 1950-1960 mais il est aussi beaucoup question de la place des femmes dans cette société. De leur légitimité à faire des études puis à exercer des métiers jusqu’à présent réservés aux hommes, ou bien de leur place au sein même du couple. Quand Gisela, excellente styliste et couturière, émet le vœu de travailler, Felix est réticent. C’est toute la société qui veut voir les femmes rester à la maison. À cette époque, une femme qui travaille est le signe que l’homme ne gagne pas un salaire assez élevé pour le couple et ce n’est donc pas forcément un signe d’indépendance et d’émancipation.
Il en est de même pour les études. Theresa, la sœur de Felix, doit faire preuve d’une ténacité à toute épreuve pour essuyer les remarques misogynes et dégradantes de certains professeurs (ainsi que des élèves) quand elle étudie le droit à la Freie Universität de Berlin.
Une belle étude sociétale, dans laquelle on se dit que dans certaines situations, la misogynie poussée à son extrême va jusqu’à donner l’élan ultime pour se battre encore plus et se faire la place méritée.
Ceci est transposable à la société française de l’époque. Bien sûr quelques hommes sont dotés valeurs différentes !
J’ai aimé retrouver le KaDeWe comme un personnage à part entière.
J’ai trouvé cette lecture passionnante, je n’avais pas envie de quitter les personnages. On comprend que Charlotte, Anna, Gisela et Theresa aient été de véritables modèles d’inspiration pour K. Fuchs, la fille de Gisela.
Cette qui commence à Berlin, se termine à Koblenz. Un signe ?